InterGenre UEMOA

Durée : 3 ans (1er Avril 2018 –1er Avril 2021)
Vision : Mieux prendre en compte les relations de genre dans les politiques d’intégration régionale

Composantes : Recherche fondamentale, appliquée et études, Dialogue et appui politique, Dissémination des résultats de recherche
Source de financement : Centre de recherches pour le développement international (CRDI Canada). Couvertures : UEMOA

De sa création en 1962, l’UMOA (Union monétaire ouest-africaine) devenue UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) en 1994 a conçu et mis en œuvre de nombreuses réformes et politiques d’intégration qui ont fait d’elle l’un des regroupements régionaux connus les plus aboutis en Afrique. Elle compte au total huit (8) pays membres : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.

Avec un PIB d’environ 47 975 milliards de FCFA en 2016, et une population de 112 millions d’habitants, la zone UEMOA connait une situation macroéconomique plutôt stable. Au cours des dix dernières années le taux de croissance annuelle moyen a été d’environ 5%, avec une croissance économique prévisionnelle de 7% en 2017. L’inflation a été globalement maîtrisée avec un taux de 0,3% en 2016 contre 1% en 2015, pour une norme communautaire de moins 3% d’inflation. Le même constat est fait pour la dette. Pour une norme communautaire fixée à 70% du PIB nominal, le taux d’endettement a été également maîtrisé avec une valeur de 41,2% en 2014, 40,8% en 2015 et de 45,1% en 2016.

Sur le plan des échanges commerciaux, l’UEMOA a enregistré des performances mitigées. Sur la période 2006-2015, le taux de croissance annuel moyen des termes d’échange de l’Union, déterminés par le rapport des prix des exportations et des importations, a été d’environ 3%. Cet indicateur est très variable d’une année à l’autre. Les termes de l’échange s’étaient détériorés de 8,8% en 2013 pour s’améliorer sensiblement en 2014 avec un taux de 29,6 suivis d’une détérioration de 3,7% en 2015. Le taux de couverture des importations par les exportations s’est établi à 76,1% en 2015 contre 73,7% en 2014, soit un accroissement de 2,4 points. Le degré d’ouverture, déterminé par la somme des exportations et des importations rapportée au PIB, s’est accru annuellement de 0,4 point pour atteindre 29,8% en 2015 pour un taux de 29,4% en 2014 contre 29% en 2013.

L’examen du solde de la balance des biens et services sur la période 2006-2015 montre un déficit commercial moyen de 4,6%. Ce déficit est atténué par l’excédent commercial dégagé structurellement par la Côte d’Ivoire sur toute la période. Cet excédent est le résultat de la hausse des exportations du cacao, du coton, de l’anacarde et de l’or.

En ce qui concerne les flux commerciaux, à l’exception des pays asiatiques, ils se sont améliorés de 2014 à 2015 avec l’ensemble des principaux groupes de pays partenaires. Le déficit commercial avec les pays asiatiques s’est accru d’environ 2 points du PIB. Avec les pays de l’Union Européenne, le déficit est passé de 1% du PIB de l’Union en 2014 à 0,1% en 2015, soit une évolution positive de 0,9 point due essentiellement à la hausse importante des exportations du cacao et de l’or aidée par une progression modérée des achats extérieurs. Il faut noter que l’Europe constitue la première destination des produits de l’Union avec une part des exportations estimée à près de 47,1% en 2015 (dont 30,7% avec les seuls pays de l’UE) et celle des importations à 40,9% (dont 36,7% avec la zone Euro). Avec le continent américain, le déficit s’est également amélioré de 0,9 point avec l’augmentation des exportations du cacao et de l’uranium.

Avec ses principaux partenaires africains, le solde des flux commerciaux est excédentaire sur la période 2006-2015. Sur ces dix dernières années, l’excédent commercial de l’Union avec les pays africains a concerné de manière plus importante le Ghana, le Nigéria, les pays de la CEMAC et l’Afrique du Sud. Cependant, en considérant les années 2014 et 2015, il apparait un recul des échanges entre les pays de l’Union et les autres pays du continent. Bien que l’Afrique soit la seconde destination des produits de l’Union avec une part des exportations estimée à 24,8% en 2015 contre 27,4% en 2014, il est observé un recul de 2,6 points. La part des importations d’origine africaine connait également un repli : 18,1% en 2014 et 14,2% en 2015, soit une baisse de 3,9 points. En outre, de 2014 à 2015 avec les pays de la CEDEAO, le solde commercial de l’Union s’est détérioré de -244,2 milliards de FCFA en 2014 à -515,9 milliards de FCFA en 2015, soit une baisse importante des échanges commerciaux de 111%. Ce mauvais résultat est fortement lié au déficit important avec le Nigéria dû à des achats extérieurs élevés des produits énergétiques (BCEAO, 2015[1]).

En ce qui concerne spécifiquement le commerce intrarégional, c’est-à-dire dire les échanges commerciaux de biens et services entre les pays membres de l’UEMOA, la croissance annuelle moyenne des exportations intracommunautaires est de 7,6% sur la période 1996-2014. La Côte d’Ivoire et le Sénégal représente environ deux tiers (2/3) de ces exportations. La part des importations intracommunautaires de biens et de services est passée de 9,2% à 7,9% entre 2010 et 2014, soit une baisse de 1,3 point. Les principaux pays importateurs sont les pays enclavés que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Globalement, le taux d’échanges intracommunautaire connait une relative baisse ces dernières années. De 15,4%, 14,2% et de 11,9% respectivement en 2011, 2012 et 2013, la part des échanges de biens et services intracommunautaires s’est établie à 10,1% en 2014. . En d’autres termes, de 2011 à 2014, les échanges entre les pays membres ont baissé de 5,3 points. Ainsi, en considérant l’ensemble des échanges de biens et de services intracommunautaires de l’UEMOA, il apparaît un recul progressif.

Toutefois, en considérant uniquement les échanges de biens, il est constaté une évolution positive des échanges intracommunautaires. En effet, la part du commerce intracommunautaire de biens de l’Union est passée d’environ 14% en 2005 à près de 17,5% en 2015, soit une progression annuelle moyenne de 0,3%. En valeur, les échanges intracommunautaires de biens évalués approximativement à 975 milliards de FCFA en 2005 ont atteint 2 236 milliards de FCFA en 2015, soit une hausse moyenne par an d’au moins 126 milliards de FCFA. Les principaux biens commercialisés entre les pays de l’UEMOA sont des combustibles minéraux, du ciment, des produits et intrants agricoles, des graisses et des huiles et les préparations alimentaires diverses.

De manière générale, l’analyse des données actuelles sur le commerce intrarégional laisse apparaître une certaine spécialisation des Etats membres dans certains secteurs/filières précis : Burkina Faso dans le zinc, Mali dans les engrais, Bénin dans le ciment, Côte d’Ivoire dans les combustibles minéraux, Guinée-Bissau dans les fils et tissus, le Niger dans les produits pétroliers, le Sénégal dans les poissons et crustacés, et le Togo dans les matières plastiques (UEMOA, 2015[2]). En termes de contribution et de répartition des valeurs ajoutées et richesses créées, ce constat suscite des questions d’un intérêt certain, notamment en matière de politiques publiques visant le renforcement du pouvoir économique de la femme, l’équité et/ou l’égalité genre.

Au regard des données macroéconomiques dégagées dans l’analyse contextuelle, le présent projet de recherche vise à répondre à la question générale suivante : quel est l’impact de l’intégration régionale sur la transformation structurelle des économies des Etats membres et comment cette transformation a affecté la position des femmes dans les circuits économiques et les positions et relations de genre dans l’espace UEMOA ?

Les questions spécifiques de la recherche sont les suivantes :

  • Quels sont les principaux biens qui ont été impactés par la croissance des échanges intracommunautaires ?
  • Quelles sont les principaux secteurs de production/vente qui ont été boostés par cette croissance ?
  • Quels sont les principaux agents économiques qui y travaillent et qui tirent bénéfice de ces secteurs et quelle est la place de la femme ?
  • Comment les bénéfices tirés des secteurs modifient les positions et relations femmes-hommes ?
  • Comment les revenus générés affectent les conditions de vie des ménages des agents économiques (hommes/ femmes) identifiés ?
  • Quelles sont les grandes mesures (politiques, stratégies, mécanismes, etc.) qui ont soutenu la croissance des échanges intracommunautaires des biens identifiés ? Comment ces mesures intègrent la question de genre ? Quels sont les gaps et quelles recommandations peuvent être faites ?

L’objectif général de cette recherche est d’étudier et de mieux comprendre comment l’intégration régionale a affecté le pouvoir économique des femmes et les relations de genre afin de faire des recommandations en termes de politiques publiques pour un meilleur positionnement de la femme dans les circuits économiques de l’espace UEMOA.

En termes d’objectifs spécifiques, il s’agira pour ce projet de/d’ :

  • Cartographier spécifiquement et caractériser les biens impactés par la croissance des échanges intracommunautaires selon le pays (natures, valeurs ajoutées, contribution au PIB, etc.) ;
  • Identifier et analyser les caractéristiques des principaux secteurs concernés et les agents économiques à la base de la création des biens identifiés ;
  • Identifier les principaux agents économiques qui bénéficient des retombées (revenus, emplois, etc.) du commerce intrarégional des biens retenus et analyser la structure-genre de ces agents ;
  • Étudier les grands écarts entre les hommes et les femmes afin d’en déterminer les principaux déterminants ;
  • Étudier et comparer selon le genre les impacts socioéconomiques des activités menées sur les ménages et la production locale ;
  • Analyser les politiques, identifier les gaps et proposer des recommandations et des mesures de politiques visant à réduire les inégalités hommes-femmes dans le processus d’intégration régionale.

Le projet s’exécute à travers trois (3) composantes principales.

COMPOSANTE 1 : RECHERCHE FONDAMENTALE, APPLIQUÉE ET ÉTUDES

Cette composante comprend l’ensemble des investigations nécessaires à la production de nouvelles connaissances nécessaires/données qui devront servir à dresser, non seulement l’état des lieux en matière de contribution à la création et au partage des richesses nationales, mais également à éclairer les politiques existantes et futures. Cette composante comprend 2 volets :

  • Volet recherche fondamentale : Ce volet sera développé notamment en partenariat avec les universités publiques et privés et certains instituts de recherche. Il devra permettra de combler ou de proposer des alternatives nouvelles aux vides théoriques qui persistent depuis la création de la comptabilité nationale (macroéconomie), notamment en matière de meilleure en compte de certaines activités, notamment celles dans lesquelles exercent pour la plupart du temps les femmes. C’est dans ce volet que le projet prévoit le développement de thématiques spécifiques de recherche qui devront être développées en partie ou intégralement dans le cadre de Licences, Masters et Doctorat.
  • Volet recherche appliquée et études : ce volet fait comprend l’ensemble de la revue de la littérature, les enquêtes de terrain et les analyses des données recueillies et la production des rapports.
    COMPOSANTE 2 : DIALOGUE ET APPUI POLITIQUE
    Cette composante est le lieu du projet à travers lequel il s’agira de créer un cadre d’échange, de partage et de discussions des résultats de la recherche avec les décideurs à travers notamment le comité de pilotage.

En tant que composante, elle comprendra toutes les activités visant à informer directement/indirectement et à mobiliser les décideurs autour des résultats de la recherche. Cette composante 2 comprend la/l’ :

  • production de support de communication et de dialogue avec les décideurs et les partenaires au développement. Des supports comme les Policy brief, Vidéo brief, etc. seront développés à cet effet ;
  • la production de supports de discussion avec les autres parties prenantes (les organisations de la société civile notamment les OSC, les autorités coutumières et religieuses, etc.

COMPOSANTE 3 : DISSÉMINATION DES RÉSULTATS DE RECHERCHE
La composante se compose des volets production et partage des connaissances avec les autres parties prenantes et les populations de manière plus générale. Elle comprend essentiellement la/l’ :

  • production d’articles scientifiques pour une participation à des conférences professionnelles mais également la publication dans des journaux professionnels ;
    organisation de rencontres et d’ateliers pour partager et discuter les résultats avec les parties prenantes ;
  • organisation de cafés de presses pour une plus grande diffusion des résultats de recherche au sein de la population ;
  • l’usage de support de communication grand-public (CD et internet. film documentaire) sera réalisé pour présenter le projet et la synthèse des résultats obtenus.

Dans la pratique, le projet vise à faire la lumière sur le commerce intra-communautaire et l’autonomisation de la femme dans les pays de l’Union Économique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest – UEMOA

L’enjeu principal des analyses sera l’identification de tout obstacle à une plus grande participation et à une maximisation des retombées du commerce intracommunautaire pour les femmes. Avec une part du commerce intracommunautaire en hausse de 14% en 2005 à près de 17,5% en 2015, ce projet de recherche conduira des analyses rigoureuses pour mettre à la disposition des responsables de politiques publiques des recommandations utiles à la prise de décisions au niveau national et régional. La mise en œuvre de ces recommandations contribuera à la réduction des inégalités de genre et profitera notamment aux femmes impliquées dans les chaînes de valeur des produits issus et échangés dans l’espace UEMOA. Ceci s’inscrit donc en droite ligne de la politique féministe d’aide internationale du Canada.

Le projet de recherche sera conduit par le GRAAD Burkina, un Think Tank à vocation régionale dont l’ambition est d’appuyer, sur la base de résultats de recherche fiables, l’élaboration de politiques publiques plus équitables et plus efficaces en termes de bien-être des populations de manière générale et en particulier, celui des groupes vulnérables. Le GRAAD Burkina est classé parmi les premiers Think Tank au Burkina Faso et le 37ème en Afrique subsaharienne (sur 90), selon l’indice de l’Université de Pennsylvanie 2018. Dans le même rapport, le Groupe est classé troisième meilleur Think tank de la région francophone de l’Afrique de l’Ouest.

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