
Au Burkina Faso, les femmes jouent un rôle central dans l’économie informelle, l’agriculture, l’éducation et les dynamiques communautaires. Pourtant, leur accès aux ressources, aux services financiers et à une éducation de qualité reste limité. GRAAD Burkina propose ici un éclairage chiffré sur les enjeux et les opportunités liés à l’entrepreneuriat féminin, à l’inclusion financière et à l’éducation des filles et des femmes.
💼 Entrepreneuriat féminin : un potentiel sous-exploité
Un engagement fort des femmes dans l’entrepreneuriat
Au Burkina Faso, les femmes sont des actrices majeures du tissu économique. En 2019, environ 88,7 % d’entre elles exerçaient une activité indépendante, souvent dans le secteur informel. Pourtant, seules 18,6 % de leurs entreprises sont enregistrées, ce qui limite leur accès aux opportunités économiques et au financement.
Selon la Chambre de commerce (2018), 21 % des femmes débutent leurs activités sous la forme d’entreprises informelles, mais il est à noter que 84 % des entreprises dirigées par des femmes n’ont jamais connu de faillite. Ces chiffres démontrent la résilience et la capacité de gestion des entrepreneures burkinabè.
Cependant, l’accès au financement reste un frein : en 2014, bien que 93 % des femmes travaillent dans l’agriculture, seulement 5 % ont accès au crédit agricole.
En résumé, les femmes s’investissent massivement dans l’entrepreneuriat, mais leur formalisation et leur accès aux ressources financières demeurent insuffisants.
💳 Inclusion financière : des avancées, mais des barrières persistantes
L’accès des femmes aux services financiers connaît une amélioration notable. En 2021, 43,2 % de la population burkinabè disposait d’un compte dans une institution financière, avec une légère avance des femmes en matière de détention de cartes de crédit (5,4 % contre 4,3 % chez les hommes).
Le projet de soutien à l’inclusion financière de la Banque mondiale (2020-2022) a permis à 3 000 emprunteurs, dont un tiers de femmes, de bénéficier de 48,5 millions USD de crédits.
De son côté, l’Association Promo Monde Rural (APMR) a mis en place depuis 2015 des groupes d’épargne et de crédit, rassemblant en 2023 1 655 femmes réparties dans 63 groupes exclusivement féminins.
Les statistiques de la BECEAO montrent également une hausse du nombre de femmes détentrices de comptes de monnaie électronique, passant de 2,6 millions en 2020 à 3,5 millions en 2022.
Malgré ces avancées, les femmes ne représentent encore que 34 % des bénéficiaires de produits et services financiers décentralisés.
Conclusion : les progrès sont réels, mais la formalisation, le contrôle des ressources et la parité d’accès restent des défis.
🎓 Éducation des filles et des femmes : des progrès fragiles
L’éducation demeure un pilier essentiel de l’autonomisation féminine. En 2023, le taux brut de scolarisation des filles au primaire s’élevait à 73,5 %, contre 33,2 % au secondaire.
Le taux d’achèvement des filles au secondaire reste faible (17,3 % pour l’année 2021-2022), tandis que le taux de scolarisation au post-primaire est passé de 52,5 % à 48,5 % sur la même période.
Les défis sociaux persistent également : en 2020-2021, 8 038 cas de grossesse en milieu scolaire ont été enregistrés, dont 67 % en zone rurale.
Dans le corps enseignant, les femmes ne représentent qu’environ 18 % des professeurs du secondaire, un déséquilibre qui illustre les obstacles structurels à leur progression.
En somme, l’accès des filles à l’éducation progresse, mais les inégalités subsistent, notamment au secondaire et dans les postes de responsabilité.
đź§ Enjeux et recommandations
Les constats ci-dessus soulignent la nécessité de :
Une conviction partagée
« Lorsque les femmes réussissent, toute la société avance » — Au Burkina Faso, soutenir l’entrepreneuriat féminin, renforcer l’inclusion financière et garantir l’éducation des filles sont des leviers essentiels pour un développement durable et équitable.
Sources :
1. Banque mondiale
2. Chambre d’industrie et de commerce du Burkina Faso
3. http://cns.bf/IMG/pdf/tableau_de_bord_post_primaire_et_secondaire_2021-2022.pdf